Le rêve de la salamandre
Je me suis demandé il y a longtemps quel pouvait être un rêve de salamandre, quelles couleurs ce petit animal pouvait il percevoir, quelles envies avait-il ? Je me suis demandé si sa perception du monde était meilleure que la mienne, plus efficace ou plus poétique.
J’ai donc dans mon atelier un tableau inachevé qui s’intitule le rêve de la salamandre. Ce tableau restera sans doute inachevé car la vision de la salamandre m’a échappée. Ma vie a fait un brusque écart à ce moment-là, le rêve c’est enfui, j’ai tourné une page.
Plus de dix ans ont passés et cette vision parfois me trouble, n’avez-vous jamais rêvé d’avoir à nouveau une perception totalement animal ? (Quand je dis à nouveau, je pense à nos lointains ancêtres) une vision sans analyse, brute, seulement commandée par la nécessité de survie. Une vision ou l’arbre n’est pas un concept arbre défini par le mot arbre mais un ensemble de couleur, de bruit, d’odeur.
J’ai lu dans une nouvelle que les cyprès étaient autrefois installés près des mas car ce sont de fabuleux conteurs. Qui peut encore se prévaloir de savoir écouter le murmure des arbres ? Quelles histoires pourraient-ils nous raconter si nous étions encore capables de les écouter ? Dans vos villes vous arrive-t-il d’écouter le murmure de l’incessante circulation et que vous raconte ce murmure ? Que vous dit-il sur l’état de notre monde ? que vous raconte-t-il sur l’état de nos rêves ?